_Abigail est née dans la campagne anglaise et vivait dans une ferme d'une pauvreté effarante avec ses 4 frères et soeurs : (du plus âgé, à la plus jeune) Jack, Walter, Margaret, elle-même et Maggie. Cette dernière, la benjamine de la fratrie, était celle dont Abigail était la plus proche.
_Dans son petit village natal, Abigail était une couturière émérite, à tel point qu'un jour, le propriétaire du plus grand magasin de couture des environs lui offrit un emploi à la ville. Le choix fut difficile à prendre, Abigail n'avait d'un côté pas envie de terminer sa vie pauvre et éreintée comme ses parents, mais n'avaient pas non plus envie de quitter sa petite soeur, trop fragile et trop jeune pour qu'elle la laisse ainsi.
_Mais elle finit par accepter, malgré les supplications de Maggie. Sa condition sociale ne lui permettait pas de refuser cette offre généreuse, aussi elle empaqueta ses maigres affaires et fit ses adieus à sa famille. Peut-être reviendrait-elle un jour ?
_Laissant derrière elle sa précieuse petite soeur, elle lui promit de revenir la chercher le jour où elle aurait plus de moyens pour vivre, et que toutes deux iraient s'installer quelque part pour ouvrir un magasin de couture. Cette promesse, aucune d'entre elle ne l'a jamais oublié.
_Âgée de 16 à l'époque, Abigail fut donc prise sous l'aile d'un certain Richard Dwhite, riche propriétaire d'un magasin de haute couture qui parcourait les campagnes pour chercher des couturières de qualité. Pendant bien des années Abigail apprit d'autres techniques de couture, mettait sur pied les plus belles parures jamais imaginées, faisant petit à petit une plus belle image du magasin. Le jour de ses 21 ans, Richard lui demanda sa main, qu'elle accepta. C'était un homme certes beaucoup plus vieux qu'elle, mais doux, compréhensif et surtout riche. Il allait lui assurer un avenir confortable, et Abigail ne souhaitait que cela.
_Alors installée dans une charmante et grande demeure, Abigail et Richard vivent une vie paisible, touchant même l'idée de fonder une famille. Après plusieurs tentatives, Abigail ne tombait toujours pas enceinte. Frustration, peine...la jeune femme tomba dans une dépression mortelle. Mortelle ? Pour Richard, pas pour elle. Voyant sa femme de plus en plus triste et meurtrit par cette grossesse qui n'arrivait pas, Richard eut compris une chose : peut-être que le problème venait de lui ? En cette époque, la faute vient toujours de la femme, mais Richard faisait partie de ces hommes qui savait montrer un peu d'intelligence et ainsi passer au-delà de tout ce qui pouvait se raconter.
_C'est ainsi qu'un jour, en se levant pour prendre son café matinal, Abigail découvrit le corps de Richard, inanimé. Dans sa main était insérée une petite fiole vide et une lettre. Son mari s'était donné la mort en s'empoisonnant, lui léguant tout ce qu'il possédait et lui laissant la liberté de se remarier pour ainsi pouvoir voir un jour naître l'enfant chéri.
_La suite de l'histoire ? Abigail confia les rênes du magasin à la couturière en chef, fit ses bagages et retourna dans son village natal. Quelle ne fut pas sa surprise de voir que tout avait été ravagé ! Il ne restait plus rien, la ferme dans laquelle elle avait vu le jour était vide de toute vie...vide de Maggie. Abi pleura, pleura des jours durant, errant d'hotel en hotel.
_Accoudée à une table de l'auberge dans laquelle elle s'était installée pendant quelques jours, le patron vint lui confier que la famine et la maladie avait décimé toute la population ces dernières années, et que les survivants des villages meurtrit avaient fuit en Amérique.
_Voilà. Voilà comment Abigail eut l'idée de prendre un ferry avec sa servante et son écuyer, afin de parcourir l'Amérique, l'esprit occupé par le désir de retrouver Maggie. Pour elle, elle n'était pas morte, impossible! Elle avait du fuir avec les survivants, avec leurs frères et soeurs. Sa famille était vivante, Abigail en était persuadée.
_Durant son voyage en ferry, la jeune femme contracta une violente fièvre. Elle ne s'en préoccupa pas, préférant passer de village en village pour retrouver sa famille. Pendant leur périple, sa servante la retrouva un jour évanouie à l'arrière de sa voiture. Son écuyer lança les chevaux au galop, fonçant dans la direction du prochain village : Saint Elmo. Il fallait que sa maîtresse recouvre la santé !