C’était le 14 avril 1852. Une assez belle journée, au ciel sans nuages et illuminé par les premiers rayons du soleil. Entre quelques prés, champs et troupeau de bétails, donc dans un endroit que certains auraient qualifié de l’autre bout du monde, se trouvait une petite maisonnette bien simple, en bois. Aussi loin que l’on s’en souvienne, c’était l’aube. Madame Elynn, ou plutôt Jane Elynn, dont le ventre était arrondi par le bébé à venir, se crispait de contractions. Avant de continuer, quelques mots sur elle. C’était une anglaise, du nom de jeune fille de Wilern, d’environ 24 ans. Ayant passé sa jeunesse en Angleterre, elle fut envoyé par ses parents, pauvres, en Amérique, afin d’être chercheuse d’or en compagnie de ses deux frères. Après quelques années de travail, elle rencontra Monsieur Elynn – James Elynn – un cowboy de 36 ans, habitant dans la région, à Saint-Elmo. Ils tombèrent tout de suite amoureux, enfin, elle tomba tout de suite amoureuse. James l’aimait, certainement, mais n’était pas en adoration devant sa femme, il l’aimait comme il se doit. Il n’avait guère plus d’argent que Jane, mais possédait de grandes terres, et comme le testament de ses parents l’indiquait, il devait se marier afin d’en prendre possession pleinement. Le jeune couple s’imaginait déjà dans le Far West, avec une ribambelle d’enfants courant autour d’eux, des chiens, des vaches, des chevaux… Il se marièrent très rapidement, et vécurent en couple heureux… Jusqu’à un certain temps, où la pauvreté les assaillit. Monsieur Elynn du vendre la plupart de son bétail, alors que son épouse retourna aux mines d’or. Après deux ans, le couple commença à se poser des questions, car ils n’avaient encore aucun enfant. James Elynn rageait, puisque de jour en jour, il s’affaiblissait d’une maladie musculaire inconnue, et qu’il n’y avait aucun enfant pour assurer le futur du ranch. Enfin, le ventre de son épouse avait marqué les premiers signes d’une grossesse. Nous revoilà, donc, le 14 avril 1852, à l’aube, où l’accouchement se passait non sans douleur. Le médecin du village était là, et aidait la femme autant qu’il pouvait. Après plusieurs heures, un autre hurlement, plus aigu, plus déchirant, se fit entendre. Le bébé était là ! M. Elynn se précipita, dans toute sa hâte de voir son premier fils naître… Et se rendit compte, que c’était une fille. Sa déception fut grande, et sa tentative de sauver l’endroit mis à l’échec.
***
« Maman, pourquoi je peux pas aller à cheval comme papa ? »
Lilian avait alors six ans, et avait rejoint sa mère à la mine. Dès son plus jeune âge, elle gagnait quelques petites pièces pour sa famille, alors que sa mère lui enseignait comment trouver l’or précieux. La question avait bouche bée sa mère.
« Quoi ? Mais non, voyons, ça c’est pour papa. Allez, viens te remettre au travail… »
La petite fille protesta, et tira de toutes ses forces lorsque sa mère l’a prit par la main. Après s’être libérée, Lilian protesta :
« L’autre jour, je suis montée sur un cheval ! »
Sa mère fit de tous ses efforts pour la taire. En effet, certaines personnes, les voyant ne pas travailler, les regardaient d’un air soupçonneux. Jane essaya de la faire arrêter de dire des sottises, mais rien ne fit.
« Je suis montée sur l’alezan ! »
L’alezan ? C’était sûrement Chesnut, un étalon fougueux. La voyant repartir de plus belle, Madame Elynn prit sa fille dans ses bras, et l’assit sur un rocher proche de la mine, lui ordonnant de ne pas bouger.
Ce soir, retournant chez elle, son mari lui parla :
« Tu sais, avant-hier, j’ai vu Lilian monter sur Chesnut… »
Jane en resta bouche bée, c’était donc vrai ! Mais comment la jeune fille avait pu faire pour grimper sur le dos du cheval sauvage ?
« Elle a réussi à le calmer, et puis, elle est grimpée sur la clôture, a passé la jambe par dessus le dos du cheval, et il s’est laissé faire. Elle y est restée quelques instants, ébahie, puis tu l’as appelée, alors elle est descendue. »
Ainsi continua la discussion, mais le reste ne fut pas très important. Monsieur James Elynn voulait en venir aux faits et convaincre sa femme de quelque chose d’assez difficile.
« Tu sais que j’ai toujours voulu un fils pour prendre en main le ranch… Eh bien nous l’avons, notre fils, ou plutôt, notre fille. Je vieillis, je lui apprendrais à monter et à s’occuper du bétail ! Lorsqu’elle sera plus vieille, on la mariera avec un riche éleveur ou un cowboy aisé ! »
Après quelques protestations, Jane Elynn fut tout de même d’accord, après tout, son mari n’était pas de la dernière jeunesse, il fallait bien qu’on le remplace tôt ou tard.
Le lendemain matin, une surprise attendit Lilian dans l’écurie. Un grand étalon gris pommelé, magnifique mustang pure race !
« Il est pour toi… Son nom est Freedom, il a 5 ans. »
***
Les jours passèrent, puis les semaines, les mois et les années. Lilian apprit à monter à cheval aussi bien qu’un cowboy homme, à ramener du bétail et à attraper au lasso n’importe quel taureau réticent. Freedom était pour elle son meilleur ami, son confident et son partenaire de travail. Ils étaient inséparables, toujours ensemble, quoi qu’il arrive. Son travail devint que plaisirs et plaisirs. Un jour, lorsqu’elle eut 13 ans, son père lui annonça quelque chose :
« Tu vas t’occuper toute seule du bétail avec Luke (le garçon de 16 ans employé), car j’ai trouvé un travail dans les forces de l’ordre… »
En effet, un de ses amis avait réussi à lui faire une petite place. Il gagnerait un salaire plus important, bien que ce ne soit pas encore grand chose.
Avec l’argent, James Elynn parvint à acheter plus de bétails et de chevaux, ainsi que les terres qu’il avait vendu autrefois, même si Jane continuait de travailler à la mine. La fatigue se lisait dans les yeux du couple, ils ne portaient plus le même amour qu’autrefois…
***
Lorsque Lilian eut 14 ans, tout semblait parfait. Son père venait de débusquer un bandit fortement recherché, et s’était fait une petite fortune, avec quoi il acheta des terres et des animaux. La ferme était en prospérité comme jamais. C’était dans ces moments parfaits que le pire était à venir…
C’était le soir. Il faisait chaud, très chaud. Lilian revenait tout juste du travail, ayant reconduit le bétail dans les prés. Comme toujours, elle montait Freedom. Devant la maisonnette se trouvaient deux hommes masqués. La jeune fille comprit aussitôt. Elle vit ses parents se débattre. Elle voulut les aider. Trop tard. Deux coups de feu résonnèrent. Lilian ne se souvenait de cette nuit que du sang qui coulait du corps de ses parents, que du sang sur les mains des bandits… Puis le plus grand braqua son pistolet noir sur elle. C’était la fin. Elle le savait. Elle ferma les yeux une dernière fois, et sentit se soulever de la terre. Était-elle morte ? Non, c’était Freedom qui se cabrait… Il y eu une détonation, suivie d’un hennissement de douleur. Le mustang gris partit à la course, Lilian toujours accroché à son dos.
Finalement, le cheval après plusieurs minutes de galop s’arrêta dans le sous-bois. Il faisait noir. Elle les entendait s’approcher, tandis que le souffle du cheval, ayant reçu une balle dans l’épaule, ralentissait. Elle pensa la plaie comme elle le pouvait, mais ce fut trop tard, le cheval mourut. Après avoir entendu les hommes s’éloigner de la forêt, elle resta là, à pleurer. Ce n’est qu’à l’aube qu’on la retrouva. On enterra le cadavre du cheval, et on soigna la jeune fille chez elle.
On ne retrouva des bandits que le petit pistolet noir, dont Lilian prit en possession. Elle se jura que si elle retrouverait la personne qui avait tué ses parents, elle-même l’assassinerait d’un coup de balle de la même arme.
Après quelques jours de convalescence, Lilian voulait reprendre le ranch pour que ses parents ne soient pas morts en vain. Sur le bureau de son père, elle trouva une lettre, écrite de la main légère de Jane Elynn. Sur le dessus, on pouvait lire, « Lilian ».
« Ma chère Lilian,
Si tu lis cette lettre, c’est que nous sommes probablement morts. Après que ton père ait emprisonné un bandit, ses amis se sont révoltés, et nous avons reçus plusieurs lettres de menaces. Nous sommes désolés si nous n’avons pas pu te protéger, au moins jusqu’à ton mariage… Soit forte. Au fait, ton père voulait te faire une surprise, la petite jument noire au fond de l’écurie porte un poulain de Freedom.
Je t’aime,
Ta mère, Jane. » Lilian laissa échapper quelques larmes sur la signature de sa mère, en bas de la lettre, puis alla voir la dénommée jument noire au fond de l’écurie. Elle commençait à avoir le ventre un peu plus rond… Quelle joie ! Après tout ces malheurs, un bout de Freedom serait dans ce poulain à venir…
Les années passèrent, tandis que le poulain de Freedom, que la jeune fille appela Big Burn, devint un bon cheval… À trois ans, il était très nerveux en vers les autres, presque sauvage, mais seule Lilian était capable de le monter et de le calmer.
***Puis, la jeune fille devint ce qu’elle est aujourd’hui : Assez grande, au teint pâle, le visage couvert de taches de rousseur. Lilian s'habite souvent comme un homme : Jeans, pratique pour monter à cheval, bottes crasseuses, chemise et un vieux chapeau de cowboy dont elle ne se sépare jamais. Elle a les chevaux longs, d’une jolie teinte auburn. Ses yeux, chaleureux et adorables sont d’un brun vert pigmenté. Elle est très jolie, et même carrément belle… Ce qui peut attirer certains messieurs...