Judas Earl venait d'écumer une troisième bouteille de whisky à lui tout seul. Il s'amusait de voir le patron du saloon ne pas oser l'expulser de son établissement. Il leva son dernier verre et le vida d'un trait, en n'omettant point de lâcher un rot répugnant. Lorsqu'il quitta le saloon, sans avoir régler pour autant son ardoise, il se rendit compte que les rues de Saint Elmo tanguaient anormalement. Pas question pour lui de rentrer se pieuter, il fallait qu'il trouve une autre distraction.
Le hasard pouvant parfois bien faire les choses, il passa devant la fameuse maison close de Green House. Le regard malsain de Judas, fut aussitôt alerté par une rangée de prostituées en train de discuter après une dure nuit de labeur. C'était déjà presque l'aube, et elles devaient sans doute vouloir rentrer chez elles. Avec sa terrifiante brulure lui déformant le visage, les prostituées étaient devenues l'unique moyen de se débarrassez de ses besoins sexuels. Souvent, elles acceptaient mais jamais de bon cœur. Les filles le craignaient pour sa violence et il était souvent difficile pour elle de faire abstraction de sa laideur.
Judas Earl sentit se poser des regards sur lui. C'était ceux des prostituées qui paraissaient soudainement anxieuse de voir l'un de leur pire fardeau débarqué à une heure aussi avancée.
Judas Earl s'en fichait, il savait qu'Elizabeth Bullock, la maquerelle protectrice de ces dames était partie sur la côte ouest pour affaire et dénicher d'autres filles. Il se dirigea vers elles, comme un lion fonçant sur un troupeaux de gazelles.
- Bien le B'soir mesdames! Vous êtes charmantes comme d'habitude... Heu ... Je lèverai bien l'une d'entre vous ce soir, en tout bien tout honneur bien sur! J'ai besoin d'évacuer la pression et de me vider quelque peu... enfin vous voyez!
Judas Earl exprimait les plus grandes difficultés du monde à parler de manière cohérente. Les remontées d'alcool embuaient son esprit, et il titubait de manière impressionnante. Nul doute que les bouteilles de whisky faisaient leur petit effet. Les filles évitaient soigneusement de croiser son regard, sauf l'une d'entre elle qui malencontreusement lui jeta un bref petit regard. Il s'agissait d'une petite brunette, vraiment appétissante, avec de jolies gambettes. Elle se trouvait un peu à l'écart du groupe de filles, et Judas en fit sa proie privilégiée. Il s'avança vers elle la forçant à reculer contre le mur en bois de l'établissement de Green House, et encadra de ses mains la taille de la jeune femme.
- Toi t'as vraiment l'air d'être une sacrée coquine... Tu dois faire de ces trucs... je veux prendre mon pied ce soir ma jolie.
Il soufflait son haleine d'alcool sur la jeune femme. Cette proximité troublait cette dernière et elle paraissait chercher une aide quelconque du regard. Malheureusement pour elle, les autres prostituées en profitèrent pour s'éclipser et la laisser à son triste sort, à l'exception de l'une d'entre elle qui restait tapie dans l'ombre d'un porche. Judas Earl passa sa grosse main sur les fines lèvres de la jeune prostituée.
- Avec une bouche pareille, tu dois donner du plaisir, toi!
Dès lors, l'homme tenta de l'attirer à l'intérieur de la maison close, la saisissant par la manche de sa robe.
-Viens! Je te paierai! C'est ton boulot tu dois satisfaire les clients!
Voyant une certaine réticence dans le regard de la jeune prostituée, il l'a molesta de manière plus rugueuse, sa main exerçant une pression douloureuse sur son bras.
-Tu vas venir, sale catin!
La tension montait peu à peu, mais Judas Earl était vraiment décidé à s'offrir un dernier plaisir avant de rentrer chez lui. La prostituée n'était donc pas au bout de ses peines.
[A toi Eileen]