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 L'ombre d'une plainte

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Mildred Morgan

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MessageSujet: L'ombre d'une plainte   L'ombre d'une plainte EmptyDim 25 Sep - 20:43

L'ombre d'une plainte 110925093505651590

Spoiler:

Suite à sa discussion plus que houleuse avec Jefferson Bucker, un plan machiavélique prenait peu à peu forme dans l'esprit de la redoutable Mildred Morgan. Il n'y avait sans doute pas meilleur moyen pour laver l'affront qu'elle venait de subir, que de faire incriminer le jeune médecin de son propre crime. La jeune femme avait l'art de tourner une situation mal engagée à son propre avantage et elle espérait bien en faire usage une nouvelle fois. Dès lors, le meurtre de sa jeune servante tombait à point nommé pour transformer l'existence paisible de Jefferson Bucker en un véritable enfer.
Son stratagème avait déjà débuter dans son comptoir, ou elle avait prit un grand soin à laisser trainer plusieurs indices pouvant faire état d'une agression. Elle ne s'était point changée, gardant sa robe maculée de vin, et ébouriffée ses cheveux d'ordinaire si soigné. A sa demande, son fidèle garde du corps lui avait même administré une violente claque et déchiré quelque peu sa robe pour qu'elle porte les stigmates manifestes d'une violence physique subie à son encontre.
Mildred Morgan pressa le pas, au fur et à mesure qu'elle approchait du bureau du Shérif de Saint Elmo. Ce dernier s'était montré plus que discret en ville ces derniers temps. Il se murmurait qu'il traquait dans les montagnes les détrousseurs qui avaient mis à feu et à sang le Buffalo Bill's Wild West Show. Toutefois la belle jeune femme d'affaire espérait le trouver pour lui jouer un de ses grand rôle de composition : Celui de la pauvre victime éplorée...
Lorsqu'elle se trouva devant le bureau du Shérif, elle fit mine de chanceler avant de pousser la porte massive de l'établissement. A l'intérieur, Mildred trouva une pièce ou le désordre régnait en maitre absolu, signe que le shérif devait crouler sous les affaires. Elle s'approcha, un brin hésitante, vers le comptoir vide et tenta d'appeler quelqu'un à son secours.

"Je vous en supplie! Aidez-moi! Est-ce que quelqu'un pourrait venir à mon secours?"

Sa supplique resta sans réponse, et elle commença à se demander si son plan n'allait pas devoir être repoussé à une heure plus tardive. Elle examina les murs décrépit du bureau, ou trônait les affiches des pires bandits de l'ouest, elle reconnut instantanément le visage de Benjamin Ford Waldon et celui de son acolyte Judas Earl. Les primes fixées pour leurs captures étaient impressionnantes et montraient à quels points ces deux homme étaient devenus une priorité pour les représentants de l'ordre. Sur la gauche, elle nota la présence d'une lourde porte métallique qui devait être l'accès principal aux geôles de Saint Elmo. Secrètement Mildred Morgan espérait y voir un jour débarquer l'intégralité du clan des Waldon. Mais pour l'instant, les pensée néfastes de la jeune femme allaient à l'encontre de Jefferson Bucker. Si intérieurement un torrent de haine bouillonnait, elle n'en laissait rien transparaitre extérieurement, préférant jouer le rôle de la pauvre victime. Elle n'avait pour l'instant trouvé aucune personne à qui dévoilé son talent de comédienne, et elle sentit montée en elle une pointe d'agacement. Elle s'appuya au comptoir et implora à nouveau du secours.

"Pour l'amour de Dieu! Venez moi en aide! Je suis la victime d'une odieuse agression!"


Cette fois-ci ses prières eurent pour écho le bruit d'un pas régulier venant de l'extérieur. La jeune femme commença alors à sangloter et comme par enchantement, les yeux de Mildred s'inondèrent de larmes. Nul doute qu'elle avait un talent incroyable pour dissimuler ses sentiments derrière le masque factice de la pauvre jeune femme éplorée. Elle sentit la présence d'un homme derrière elle, mais elle préféra faire celle qui ne l'avait point vue en continuant de jouer son rôle de tragédie.
Elle choisit cet instant pour faire semblant de s'évanouir, tombant littéralement au pied du nouvel arrivant. Nul doute que dans une autre vie, Mildred Morgan aurait obtenue l'ovation des foules sur les planches d'un théâtre. Mais pour l'instant, c'est bien sur le plancher du bureau du shérif que le plan machiavélique de Mildred Morgan prenait toute son envergure...


Dernière édition par Mildred Morgan le Lun 26 Sep - 21:59, édité 1 fois
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James Everett Ferguson

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MessageSujet: Re: L'ombre d'une plainte   L'ombre d'une plainte EmptyLun 26 Sep - 19:29

    Saint-Elmo. J'étais enfin arrivé à destination. Le voyage fut éprouvant, d'une longueur harassante. Je n'avais qu'une envie, m'allonger dans de l'eau tiède afin d'apaiser mes lombaires vivement maltraitées, un bon verre de whisky entre les mains et me reposer tranquillement, loin de tout. Le soleil était encore haut dans le ciel et la température était telle que je ne sentais même plus ma chemise, plaquée contre mon corps, par la transpiration. Une légère brise dansait avec mon long manteau et m'empêchait de mourir étouffé. Mon cheval se mit à renâcler nerveusement. D'un geste sec accompagné d'un claquement de langue, je lui intimais l'ordre de poursuivre sa route.

    Il y avait du monde dans l'artère principale de la bourgade. Beaucoup trop pour que l'on prenne le temps de faire attention à moi. C'était une bonne chose. Je détaillais chaque individu du coin de l’œil; il y avait de toutes les classes sociales: des mineurs, des prostituées, des bouseux, de riches propriétaires au vu de leurs habits fringants et même des chinois. Ce tableau si éclectique me fit penser de suite à certains poèmes satiriques de Henry Wadsworth Longfellow. Sans doute l'un de mes auteurs favoris aux côtés d'Emily Dickinson, Lloyd Garrison, Irving et tant d'autres. Ils avaient tous un regard unique et vraie sur notre monde, dénué de toute sensiblerie, de toute naïveté. Ils nous dressaient le bilan d'une époque au travers de leurs vers, de leurs proses ou de leurs romans. Point de fioritures, juste des faits.

    Un chariot passa non loin de moi, prêt à vomir tout son équipement tant il était bourré de matériels. Cette ville grouillait de vie, étirant ses doigts frêles et rachitiques à travers la plaine. Inarrêtable évolution de l'humanité, reflet de notre impuissance face à la technologie et au modernisme. Cette petite bourgade serait bientôt une ville à part entière et personne n'y pouvait rien. Je dirigeais mon cheval dans cette marée d'hommes et de femmes, écartant les uns, repoussant les autres tel Moïse éventrant la mer Rouge. Il me fallait regagner la berge au plus vite sans quoi je finirais noyé ou avec une bonne insolation.
    J'étais très à cran, le voyage n'ayant en rien arrangé mon état. J'avais besoin de repos et vite. J'aperçus l'office du Sherif, soulageait mon dos une énième fois avant de donner un coup d'étrier à mon cheval. Arrivé à destination, je descendis de ma monture avec lourdeur. Cette dernière échangea un regard de connivence avec moi. Elle aussi, en avait bavé et je ne pouvais que la comprendre. Je lui flattais l'encolure longuement. C'était ma "perle noire". Un étalon Frison, tout droit venu des Pays-Bas. Sa robe noire, son port altier, son charisme, ses épaules robustes, tout en lui inspirait le respect. Avec ses fanons et sa crinière très fournie et tout aussi noir que sa robe, il imposait par sa présence et sa puissance. Il possédait un sacré tempérament, chose que j’appréciais énormément. Il secoua la tête vivement avant de plonger sa bouche au fond de l'abreuvoir. Il eut la même idée que moi, à un détail près, je plongeais mes lèvres au goulot de ma gourde.
    Une fois rassasié, j'attachais la longe de mon cheval au promontoire en bois. L'ombre du bâtiment qui étendait sa couverture sur moi était tout aussi rafraichissante que l'eau que je venais d'ingurgiter. Je pris un moment pour moi, ôtais mon chapeau et m'essuyais le front du bout des doigts. Je réajustais ma chemise, mon gilet et rehaussais légèrement mon holster en cuir ocre. Mon chapeau à nouveau en place au sommet de mon crâne, je déchargeais ma monture de mes affaires personnelles. Le sac sur l'épaule, je marchais d'un bon pas vers la porte du bureau.

    Elle était ouverte. Pas étonnant au vu de la chaleur de la journée. Je passais la tête dans l'embrasure. La pièce était assez grande et manifestement, au vu du désordre environnant, cela faisait un bout de temps que le Shérif n'avait pas eu l'occasion de faire un brin de ménage. Ce qui m'interpella, c'était la femme qui se tenait devant le comptoir. Apparemment, elle n'allait pas bien du tout. Par pure politesse j'allais toquer à la porte afin qu'elle se rende compte qu'elle n'était plus seule, mais alors que je tendais mon bras vers le bois massif, la femme s'effondra subitement comme frappée par la foudre. Mon geste s'arrêta net à mi-parcours et avant même que je ne réalise la portée de mes mots, ceux-ci avaient déjà pris la poudre d'escampette:

    " Et merde, manquait plus que ça..."


    Mollement, mon bras retomba le long de mon corps. Je me passais une main sur le visage, passablement irrité par ce nouveau revers. Il était clair que je n'avais aucune notion de premier secours, surtout pour ce genre de cas. Je déposais donc mon sac à l'intérieur de l'office, avisais les passants et décidais de choper le premier venu: un homme à la barbe bien fournie, on ne pouvait pas en dire autant de ses dents cruellement absentes lorsqu'il m'adressa une moue surprise.

    " Excusez-moi, j'aurais besoin de votre aide. Je viens d'arriver et je ne connais pas les lieux...
    - Pas le temps de discuter de ça...

    Et il me tourna le dos avant même que j'eus terminé. Pas très malin de sa part. Je lui attrapais le bras et toujours avec courtoisie, continuait de soliloquer.
    - Je vais faire court alors. Vous avez un médecin dans cette ville ?
    - Ouais.
    - Allez me le chercher.

    Il haussa un sourcil et recula la tête légèrement. Il devait se demander qui je pouvais bien être pour faire preuve d'autant d'autorité. A mes yeux, il avait l'air d'une poule dépenaillée. Il en aurait caqueter que cela ne m'aurait pas surpris le moins du monde.
    - Et pis quoi encore ? Chuis pas vot' chien.
    Je me pinçais l'arête du nez afin de m'astreindre au calme.
    - Je viens de trouver une femme évanouie dans le bureau du Shérif et...
    - Pas mon problème ça !

    Trop c'était trop. Ma main s'accrocha à l'encolure de sa veste avec promptitude. J'approchais mon visage près du sien. Sa puanteur était telle que j'en eus la nausée.
    - Ne me gonfle pas si tu veux pas que je devienne ton problème majeur.
    Je laissais ma main vacante près de mon arme, juste au cas où.
    - Mais où tu te crois espèce d'enfoiré !
    Son poing s'élança vivement en direction de mon visage. Je reculais d'un pas évitant son coup de justesse. D'un geste devenu machinal, je pris son bras et le retournais dans son dos avec force. Il laissa échapper un gémissement de douleur lorsque je lui plaquais la tête contre une poutrelle en bois.
    - On se calme OK. J'ai eu une rude journée et toi aussi, apparemment. Je te demande juste d'aller me chercher le docteur. Et à ton retour je te rétribuerais comme il se doit, ça te va ?
    - Lâche-moi bordel de merde.
    - Je peux compter sur toi.
    - C'est bon...
    - Merci. "


    Je le lâchais et m'écartais de lui, paumes dans sa direction. Je lui adressais un hochement de tête sans le quitter des yeux. Il n'avait pas mesurer à qui il avait à faire car je vis son regard ciller au moment où le soleil effleura mon insigne du bout des doigts. J'étais percé à jour. Il baissa les yeux, se malaxant le poignet et traversa la route avant de se perdre dans la foule. Pour une entrée, je ne pouvais rêver mieux. Je revins sur mes pas et me tins au-dessus de la femme, toujours inconsciente. Je la détaillais de pied en cape. Visiblement, son état justifiait sa perte de conscience. Elle était salement amochée: les cheveux en bataille, une marque violacée sur la joue, les habits déchirés. Merde, comment pouvait-on faire une chose pareille...Certains actes restaient hors de portée de ma compréhension. Doucement j'ôtais mon manteau, le roulais en boule et avec une délicatesse mesurée, levais la nuque de la femme avant de l'accompagner sur le coussin de fortune. J'allais ensuite chercher ma gourde, et avec parcimonie, fit couler un peu d'eau sur son visage meurtri. Peut-être cela suffirait-il à la sortir de sa torpeur...
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MessageSujet: Re: L'ombre d'une plainte   L'ombre d'une plainte EmptyMar 27 Sep - 8:28

Le talent de comédienne de Mildred Morgan était en train de porter ses fruits, lorsqu'elle devina dans sa fausse torpeur, que l'homme s'activait frénétiquement à chercher de l'aide à l'extérieur. A travers ses longs cils noirs, la jeune femme n'avait fait qu'entrapercevoir son chevalier servant. Ce n'était pas le Shérif Jessie Johns, mais un homme de corpulence moyenne, dont la barbichette soigneusement taillée, soulignait une certaine méticulosité et un raffinement allant de pair avec ses manières de gentleman bien éduqué. Elle ne l'avait jamais vue auparavant et elle se demanda si celui-ci était au service de la loi ou un simple citoyen venant solliciter l'aide du shérif. Mais elle balaya rapidement cette interrogation ne pouvant plus faire machine arrière maintenant que sa simulation d'évanouissement venait de débuter. Après tout, cet homme pouvait agir d'intermédiaire entre elle et le shérif, et devenir un témoin de plus dans cette sombre machination. Nul doute que l'existence paisible de Jefferson Bucker allait en prendre un sérieux coup. Il avait voulut l'humilier, elle allait tout bonnement détruire son honneur. L'attention de dame Morgan se reporta à nouveau sur son sauveur. Ce dernier tentait vainement de convaincre un homme aussi renfrogné que rustre de lui venir en aide. La jeune femme étendue sur le sol, ne put s'empêcher de s'amuser intérieurement de ce spectacle grand-guignolesque entre les deux hommes, qui semblait être en bien des points de parfaits opposés. Mais cet amusement dissimulé fut vite dissipé lorsqu'elle attendit l'homme insister pour faire intervenir un médecin sur place. Enfer et damnation! Il n'y avait qu'un médecin dans cette maudite ville de saint Elmo et il s'agissait bien évidemment de la cible de son savant stratagème. Le contexte deviendrait fortement inconfortable, si Jefferson Bucker venait à mettre les pieds dans le bureau du shérif. Mildred Morgan se devait de le faire savoir au plus vite à son sauveur, car sinon la situation allait s'empirer et risquer d'anéantir complètement ses tentatives de persuasion.
Elle fut rassurer de voir l'homme revenir à ses cotés. Son attitude de parfait gentilhomme se fit à nouveau apprécier, lorsqu'il roula son manteau pour en faire un oreiller de fortune. Chacun de ses gestes paraissait savamment orchestré, et témoignait d'un certain sang froid face à l'adversité. Lorsqu'elle sentit sa main contre sa nuque, un léger frisson envahit la jeune femme, surprise par ce soudain contact physique avec l'homme. Ce dernier tenta alors de la ranimer en versant un peu d'eau sur son visage. Elle devait en profiter pour retrouver ses esprits et déverser son torrent de mensonges...
Au contact de l'eau, elle poussa un petit gémissement plaintif et porta une main à sa tête comme pour signifier à l'inconnu qu'elle souffrait d'un mal insidieux. Elle finit par soulever doucement ses paupières pour feindre une certaine surprise à la vue de l'homme accroupi à ses cotés...
L'ombre d'une plainte 11092709511296588

"Pardonnez-moi mais ou suis-je? Et qui êtes vous?"

Elle fit mine de paraitre complètement perdue, comme bouleversée par le traumatisme qu'elle venait sans doute de subir. Encore toute tremblante, sa main se porta dans un premier temps machinalement à sa joue endolorie. Puis lorsque ses yeux découvrirent sa robe déchirée laissant apparaitre le haut de sa poitrine, elle s'empressa de la dissimuler et de se protéger des regards. Ses yeux s'embuèrent et elle commença à verser de chaudes larmes, comme si peu à peu la mémoire revenait à elle. Ses mains se crispèrent, et elle se replia sur elle comme une fillette réveillée après un terrifiant cauchemar, et s'enfermant dans un cocon protecteur. En regardant l'homme penché à ses cotés, elle fit semblant d'être submergée par un sentiment de honte incommensurable. Ses mains enserrèrent sa tête, ses doigts se perdant dans ses cheveux d'or ébouriffés, elle pleura de longues secondes.

"Mon Dieu! Faites que ceci ne soit qu'un cauchemar! Rien de tout cela n'est vrai... Je vais me réveiller! Je vais me réveiller!"


Lorsque l'homme voulut lui porter secours en approchant sa main, intelligemment elle réagit en marquant un vif mouvement de recul comme pour souligner que la présence masculine l'effrayait.

"Je vous en prie ne me touchez pas! Enlevez vos sales pattes de moi!"

Toujours au sol, la jeune femme recula de quelques mètres les bras tendus comme pour se protéger d'une éventuelle menace. Elle sanglotait et paraissait complètement anéantit par un drame terrifiant. Elle finit par s'écrouler sur elle-même, le poids de son traumatisme étant sans doute trop lourd à porter.

"Je veux juste de l'aide. Pour l'amour de dieu, juste que quelqu'un me vienne en aide..."

Ses dernières paroles s'étranglèrent dans sa gorge, alors que sa chevelure masquait son visage. En sentant l'homme s'approcher lentement d'elle, elle esquissa un léger sourire aussi rusé que machiavélique, avant de reprendre son rôle de tragédie grecque.
Elle resta à genou, prostrée dans une attitude prière, comme attendant une aide inespérée pouvant mettre fin à son supplice...
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MessageSujet: Re: L'ombre d'une plainte   L'ombre d'une plainte EmptyMar 27 Sep - 14:47

Foutue ville et foutus détrousseurs, à croire qu'elle les attiraient tous.Il ne s'était pas passé un mois depuis son arrivée en ville sans qu'une nouvelle bande, un nouveau chacal ou des repris de justice montrent leur petite gueule dans les parages et à peine se lançait-il sur les traces de l'un d'entre eux qu'il lui fallait s'occuper d'un autre. Le shérif de cette bonne ville de Saint-Elmo était bien seul et ce n'était pas la population qui allait lui apporter le plus vif soutien, les trois quarts étant tant effrayé après des années sous la domination de la racaille et de la vermine et le quart restant tirant ces revenus des trafics en tout genre.

La vie de Shérif était ici bien solitaire et c'est pourquoi Jessie avait pour habitude d'appliquer des solutions expéditives, immédiates : pas le temps et surtout, personne pour s'occuper du boulot administratif. Et le premier juge de paix habitait à plus d'une semaine de voyage. Pas rentable. Il avait donc enfourcher son cheval après avoir graissé ces armes et avait pris la direction du Buffalo Bill Show pour constater d'abord les dégâts puis suivre les traces laissées par les détrousseurs dans leur sillage. Heureusement, un grand nombre de cavaliers chargés de butins, ça ne passe pas inaperçus et très vite il trouva une trace principale même si visiblement certain avaient quittés le groupe principal pour profiter de leur part de butin tranquillement Au bout de deux jours de traque cependant, Jessie dût se rendre à l'évidence, il ne pourrait jamais les retrouver et tous les abattre. Il était seul, bien seul.


Jessie décida finalement de rebrousser chemin en direction de St-Elmo, fatigué, mais surtout furieux de la limite de ces moyens actuels. Si seulement ces soldats d'opérettes du Buffalo Bill Show avait eût de vraies cartouches en lieu et place de leurs foutus amorces à blanc, il en aurait réquisitionné un quarteron et il aurait procédé à une extermination systématique de cette vermine. Mais à croire que le sort s'acharne.
Finalement, Jessie finit par rejoindre Saint-Elmo au pas, harassé par le temps passé en selle et le peu de sommeil. Mais voir sa ville le ranime toujours un peu car ce coin, malgré ces défauts, malgré tout les ennuis que cela lui cause, car ce coin, c'est sa raison de vivre, sa raison d'être. C'est à lui de le protéger. Il passe devant le General Store au milieu de cette fourmilière humaine qu'est devenue Saint Elmo depuis l'annonce du passage du Buffalo Bill Show et qui le restera encore une bonne semaine avant de retrouver son semblant de tranquillité. Les rênes en main, il parcourt la centaine de mètres qui le séparent de son bureau et constate qu'un cheval est attaché à la barre, signe que quelqu'un se trouve à l'intérieur. Par mesure de sécurité, il détache le lien de cuir qui entrave son arme dans le holster et l'empêche de tomber par accident, fait jouer furtivement la crosse dans son logement afin de s'assure de pouvoir dégainer sans ambages en cas de pépins.

Il accroche la longe de son cheval à la barrière, à côté de celui de l'inconnu. Ce cheval n'est pas d'ici, c'est celui d'un étranger d'ailleurs, tout son fatras est encore dessus. Il n'a même certainement pas pris le temps de prendre une chambre à l’hôtel, ces fontes sont encore solidement arrimées avec tout ce qu'elles contiennent.
Jessie fait ensuite un premier pas en avant avec une grande inspiration et malgré la raideur du pas de l'homme qui vient de chevaucher quatre jour durant, gravit la margelle qui monte jusque son bureau à la porte entrouverte qu'il pousse de l main gauche sans précipitation, la droite prête à voler jusque la hanche. Il vit alors un bien étrange spectacle pour quiconque comme lui n'a jamais eut la "chance" de voir une quelconque pièce de théâtre, tout juste quelques répliques de Shakespeare dans la bouche de jeunes étudiants idiots de Virginie sur le front pour le théâtre aux armées. Il voyait un inconnu au chevet de Miss Morgan, la responsable du Bureau des Concessions. Visiblement, cette dernière avait morflée, certainement sous les coups d'un homme a voir comment ils avaient été portés. Au visage pour défigurer. Il y avait eut du grabuge pendant qu'il était absent. Décidément, il allait bien avoir besoin de renforts si il ne voulait pas s'épuiser plus que de raison à la tâche.

Jessie entra d'un pas mesuré, mis ces mains sur ces hanches, repoussant les pans de son long cache poussière, mettant en évidence ces armes et son insigne de sherif :


-"Que se passe-t-il ici ? Monsieur, puis-je vous demander votre nom ? Et vous Mlle Morgan, qui vous à mise dans cet état ?"


Une voix calme, posé, des questions simples, directs, le meilleur moyen de mettre un semblant d'ordre dans toute cette pagaille. Et ce faisant, il referma la porte derrière-lui afin de couper le bruit de la rue et offrir a tous un tant soit peu d'intimité.
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MessageSujet: Re: L'ombre d'une plainte   L'ombre d'une plainte EmptyMar 27 Sep - 18:32

    Je refermais le goulot de ma gourde et déposais une main délicate près du menton de la femme afin d'examiner au mieux la plaie qu'elle avait au visage. Elle poussa un léger gémissement. C'était pas beau à voir et d'ici quelques heures, ce serait bien pire. Mes yeux continuèrent leur examen approfondi et s'arrêtèrent à la naissance de sa poitrine. Avait-on essayé de la violer ? Ma mâchoire se crispa légèrement sous le coup de la colère.
    Je détestais ce genre d'hommes, prêt à faire toutes les bassesses pour assouvir leur désir charnel. Et Dieu sait que j'en avais connu...Ces types là pullulaient, tels des cafards miséreux s'abreuvant de la vertu de femmes de tout âge et de toutes classes sociales. Rien ne les arrêtaient, ne les refrénaient. Des déviants sexuels comme on appelait ça. Je ne connaissais qu'une façon de mettre fin à leurs macabres agissements: une balle entre les deux yeux. C'était efficace. Diablement efficace.
    Je m'apprêtais à remonter le pan de tissu qui flottait allègrement du décolleté lorsque les yeux de la femme se mirent à papillonner. J'arrêtais mon geste aussi sec; il était inutile qu'elle se méprenne sur mes intentions. Son regard se posa sur moi avec surprise. Elle semblait complètement désemparé. Un silence étrange imprégnait la pièce aussitôt rompue par la jeune femme. Son ton indiquait clairement son étonnement de se retrouver dans un lieu qui lui paraissait en tout point étranger.

    " Ne vous en faites pas, tout va bien, vous êtes en sécurité ici. "

    Ce furent les premiers mots qui me vinrent en réponse à sa question. Pas franchement éloquent mais je me voulais rassurant. Elle avait du en baver, la pauvre. Avec empressement, elle dissimula sa poitrine et laissa choir son visage sur le côté, me coupant à sa vue. Il était évident que je n'étais pas du tout l'homme de la situation. Je ne savais pas vraiment quoi faire...Chercher à la rassurer était une chose mais y parvenir était tout autre. Elle sanglotait, s'efforçant de rester digne. Je ne pouvais pas lui reprocher de craquer. Ce que je pouvais détester être inutile ! J'avançais une main prudente vers l'épaule de la victime, avec une infinie douceur elle se déposa sur elle. Aussitôt, elle se recula vivement, bras devant elle comme pour se protéger de ma personne. On eut dit une lionne apeurée, avec sa crinière de lumière, rugissant et griffant l'air, défiant quiconque de s'approcher d'elle sans en subir les terribles conséquences.

    " Hey doucement, je ne vous veux aucun mal. Regardez. "


    Je levais les mains, paumes ouvertes dans sa direction, dans l'espoir futile de l'apaiser. J'espérais qu'elle comprendrait le message. Je n'étais pas là pour lui nuire, bien au contraire. Elle se recroquevilla sur elle-même. Ses cheveux la drapèrent d'une cascade dorée l'auréolant d'un manteau aux couleurs des blés. Sa fragilité trouva écho en mon être. La brutalité de son agression, la meurtrissure de son âme me frappèrent de plein fouet. Je laissais échapper un soupir de frustration. Je ne pouvais rien faire pour lui épargner ce terrible supplice...Juste patienter avec elle, partager sa peine, lui montrer qu'elle n'était pas seule et qu'elle pouvait compter sur ma présence aussi peu réconfortante fusse-t-elle. Je baissais les yeux discrètement. C'était indécent que de contempler pareil tableau. Je portais à nouveau ma gourde à mes lèvres afin d'apaiser le feu ardent qui me dévorait la gorge. Cela faisait à peine dix minutes que j'avais posé les pieds dans cette ville que déjà les ennuis débarquaient. J'étais verni !

    Mon front se plissa soudainement. Des bruits de pas attirèrent mon attention. C'était un pas mesuré, cadencé. Il se dirigeait par ici, lentement mais sûrement. Ma main remonta instinctivement le long de ma jambe pour se poser sur la crosse de mon Colt. J'enlevais la bride avec discrétion. Toujours accroupi, je guettais la porte avec attention lorsque le visage d'un homme apparût dans l'embrasure. Il paraissait aussi surpris que moi lors de ma découverte. Lorsqu'il porta son regard sur la femme, je crus déceler une certaine connivence. Il la connaissait. Il fit un pas en avant, et d'un geste que je qualifierais d'étudié, posa ses mains sur ses hanches me dévoilant au passage les deux armes qu'il arborait fièrement et son insigne. J'esquissais un sourire discret devant cette arrivée inattendue: le Shérif de Saint-Elmo se tenait devant moi. Il arrivait à point nommé celui-là. Je pouvais enfin déléguer cette femme éplorée à quelqu'un de plus compétent que moi. Je me relevais avec lenteur. Une vive douleur m'élançait dans le bas du dos. Que le repos serait salutaire ! Le Shérif s'adressa à moi d'une voix calme tout aussi mesuré que ses pas. Lorsque je lui adressais la parole, c'était avec tout autant d'aplomb:

    " Sheriff.
    Je hochais la tête à son encontre, en guise de salut.
    Je suis l'agent Ferguson, Marshal des États-Unis d'Amérique.
    Très pompeux comme présentation mais c'était bel et bien le poste que j'occupais au sein du Bureau Fédéral. Je lui révélais, à mon tour, mon insigne avec un peu moins de théâtralité que lui.
    J'ai découvert...
    Je regardais la jeune femme. Elle n'avait pas bougé d'un pouce. Je pouvais désormais l'appeler par son nom.
    ...Miss Morgan dans cet état à mon arrivée en ville. Il semble, présentement, qu'elle ait été brutalisé sévèrement. Je n'ai pu recueillir aucune information concernant son ou ses agresseurs.
    Je marquais un temps afin qu'il assimile toutes les données que je lui livrais.
    Pour le moment, je vous conseillerais de la garder ici, avec vous, afin qu'elle se sente en sécurité. Vous pourrez ainsi prendre sa déposition une fois qu'elle sera en état. J'ai envoyé quelqu'un chercher le docteur, mais je crains que ma requête n'ait été entendue par la mauvaise personne.
    Je glissais ma langue sur mes lèvres pour les humecter. Parler autant me desséchait la bouche et c'était très désagréable.
    Sur ce Shérif, je vous laisse à vos priorités.
    D'un coup de tête je lui indiquais Miss Morgan.
    Je reviendrais vous voir un peu plus tard. Nous avons beaucoup de choses à nous dire. "

    Je récupérais mon manteau, puis le dépliais avant de l'épousseter gracieusement. Cet office avait vraiment besoin d'un sacré coup de balai. Le manteau sous le coude, je jetais un dernier regard sur cette pauvre femme, avant de me diriger vers la sortie. J'éprouvais une certaine culpabilité à la laisser ainsi mais ce n'était pas mon boulot, tout simplement. C'était le boulot du Shérif. Pour ma part, je n'étais pas là pour ça. Seul le gros poisson m'importait.
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MessageSujet: Re: L'ombre d'une plainte   L'ombre d'une plainte EmptyJeu 29 Sep - 9:04

Le shérif venait enfin d'arriver sur place, et Mildred se murmura intérieurement que son plan prenait une excellente tournure. D'une part, parce que sa comédie semblait fonctionner également avec le shérif, et d'autre part parce que son sauveur n'était autre qu'un chasseur de tête, rien de moins qu'un Marshall des Etats-Unis d'Amérique! Elle était en présence des deux plus grands représentants de la loi siégeant à Saint-Elmo. L'occasion était trop bonne pour faire coup double et le cerveau machiavélique de Mildred Morgan se mit alors en marche. Elle ne perdit pas une miette de leurs discussion, attentive au moindre mot pouvant la mettre sur une quelconque piste. Nul doute que le Marshall ne voulait pas perdre de temps avec une banale affaire d'agression, car il faisait mine de partir vers d'autres cieux. Il fallait qu'elle l'appâte avec une information vitale, qui puisse faire de sa personne une priorité. Les yeux encore rougis par les larmes, Mildred parcourut du regard le bureau du shérif et son attention se posa sur l'affiche de Benjamin Ford Waldon. Voila le genre de gros poisson que devait pourchasser le Marshall. Elle regarda alors de nouveau le shérif, ses lèvres tremblante comme si elle désirait dévoiler le terrible mal qui la rongeait. A l'évocation du médecin, elle s'agita pour prendre la parole comme traumatisée parce qu'elle venait d'entendre.

"Monsieur Johns, je vais tous vous expliquer. Mais avant cela, je tiens à vous implorer de ne pas me mettre en présence avec Jefferson Bucker, car c'est ce même médecin qui est l'unique responsable du mal qui me tourmente! Sachez que je ne suis pas la seule victime de sa folie meurtrière et je ne sais d'ailleurs pas par ou commencer le récit de cet évènement tragique..."


Elle tenta de reprendre son calme. Ses mains tremblantes et son visage aussi pale qu'un linceul, elle s'embarqua alors dans une tentative d'explication.

"Ce matin à l'aube, j'ai ressentie une vive douleur à mon poignet qui m'empêchait de remplir mon travail d'administration de mes concessions. J'ai donc fait appel au médecin Bucker pour qu'il me traite à mon comptoir, car je ne voulais pas perdre de temps. C'est la que l'horreur a débuté! Du moins de ce que je me souvienne..."

Elle marqua une courte pause comme si il lui était difficile de conter la suite des évènements. Elle reprit sa respiration et enchaîna :

"Il n'est pas secret à Saint-Elmo, que le médecin Jefferson Bucker est très porté sur la chose. La preuve étant sa propension à se divertir fréquemment auprès des femmes de mauvaise vie du Green House, dont il est l'un des meilleurs clients! Mais je n'étais pas au point de m'imaginer que sa déviance sexuelle pouvait atteindre un tel paroxysme. C'est étrange mais j'ai ne me souviens que de détails éparses, tous se mélangeant dans mon esprit. Je n'arrive point à donner un début, un milieu et une fin à cet instant d'horreur. Pardonnez-moi! Je peux simplement vous dire que j'ai été surprise par la force dont il a fait preuve, lorsqu'il a déchiré mon chemisier et tenté d'arracher ma... je ne peux vous décrire l'horreur et le dégout que j'éprouvais! "

Mildred Morgan fit semblant de ne point trouver ses mots, comme durement accablée par cette tentative de viol. Elle regarda le shérif qui la fixait avec intensité, alors que le Marshall se préparait à quitter les lieux.

"Pourrai-je avoir un verre d'eau?"

Elle n'attendit pas la réponde de Jessie Johns préférant s'activer à poursuivre son récit terrifiant.

"C'est cet instant que ma servante, Louisa Conrell, choisit pour me venir en aide. La courageuse fille s'est accrochée à lui, pour l'empêcher de commettre cet acte odieux. Dans un accès de rage démesurée, monsieur Bucker a saisit une bouteille de vin pour l'écraser sur la tempe de la malheureuse. En retombant je crois qu'elle est morte sur le coup...Mon Dieu ma pauvre Louisa! Une si gentille fille! Jamais un mot de trop, elle s'est sacrifiée pour m'arracher des griffes de ce monstre! Je luis dois la vie!"

Mildred Morgan pleurait à nouveau à chaude larmes. Jessie Johns paraissait concerné par son récit, alors que le Marshall venait de poser la main sur la poignée de la porte extérieure. Mildred s'empressa d'ajouter de nouveaux détails.

"Cet ignoble Jefferson Bucker s'est alors retourné vers moi, et il m'a suggéré de ne rien dévoiler car sinon il pouvait en parler aux Waldon qui me régleraient mon compte. Étrangement, la mort de ma servante fut le point final de mon agression, car le médecin s'en ai retourné comme si de rien n'était...
Je dois vous avouer que la peur de représailles m'a empêchée longtemps de venir vous solliciter. Mais au détriment des risques, j'ai décidé de porter plainte pour venger la mémoire de ma pauvre Louisa. C'est pour elle que je dois me montrer forte! Mon Dieu! Le corps de cette pauvre malheureuse se trouve encore dans mon comptoir! Ce médecin doit être condamné à mort pour un acte aussi perfide!"


Elle se demanda si les deux représentants de l'ordre allaient tomber dans sa toile, mais il fallait dire qu'elle avait mit un certain talent à broder ce tissu de mensonges. Beaucoup d'hommes se laisseraient berner par les dires d'une pauvre jeune femme en détresse. Elle attendit la suite des évènements, ses mains tentant désespérément d'essuyer ses larmes...
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MessageSujet: Re: L'ombre d'une plainte   L'ombre d'une plainte EmptyJeu 6 Oct - 11:08

Jessie mobilisait chaque parcelle de son esprit afin de se concentrer sur l'affaire présente. De toutes les manières, les pillards étaient loin à présents et seul la ville avait vraiment de l'importance. La prochaine fois, le Buffalo Bill Show assurera bien mieux sa sécurité.

Jessie fit un signe de tête à l'étranger qui lui présenta sa plaque de Marshall des États-Unis, prenant le temps de graver dans son esprit les traits de l'homme avant de se recentrer sur sa fonction. Un Marshall, cela devait signifier que le Département d'Etat commençait à s'intéresser à la ville de Saint-Elmo et à la forte propension de hors-la-loi à venir y trouver refuge, coordonné au fait qu'aucun juge de paix n'était jamais sollicité dans les environs. Mais avec un shérif assurant lui-même les pendaisons, cela n'avait pas réellement d'utilité. Quoiqu'il en soit, Jessie était heureux de voir venir un tant soit peu de renfort.

Et voilà qu'il arrivait sur les chapeaux de roues.

Jessie tira les chaises de son bureau pour permettre à qui le voudra de s'asseoir avant de tourner la tête vers Ferguson tout en tendant la main à Mildred.


-"Marshall, restez-là. Maintenant que vous vous êtes présenté, vous faite partie de mon équipe. Et nous allons travailler ensemble, alors autant commencer maintenant.Entre cette affaire, les racailles qui traînent et l'attaque du convoi du Buffalo Bill, je vais bien avoir besoin de quelqu'un d'un peu plus frais que moi pour cerner les détails..."


Encore qu'au vu du Marshall, lui aussi devait sortir d'une longue chevauchée, ce qui voulait dire que niveau fraîcheur il devait être au même niveau que lui : à fantasmer à l'idée d'un bon bain chaud.

Il se tourna ensuite vers Mildred pour la laisser terminer son terrifiant récit, accablant tant et plus le médecin que pas la moindre cours de justice n'oserais essayer à la prendre en défaut, alors un simple shérif ? Et puis, le témoignage concordait avec sa mise.
Il lui fit ensuite un léger signe pour lui présenter une chaise, elle serait mieux là que sur le sol de la prison qui nécessitait un bon coup de balai avant de se diriger vers une cruche en terre cuite dont il versa le contenu dans un gobelet en étain traînant sur le bureau entre deux affiches de criminels et un vague télégramme illisible. Il lui tendit ensuite le gobelet.

-"Bien Miss Morgan, ce que vous nous apprenez-là est particulièrement horrible. C'est une sacrée histoire et je vous donne ma parole que nous allons nous en occuper. Il y a eut manifestement un meurtre et une tentative de viol. Monsieur Bucker payera pour cela, je vous le promet. En attendant vous allez vous calmer et attendre tranquillement ici. Moi et le Marshall Ferguson nous allons nous rendre auprès de Monsieur Bucker et du corps de votre employé pour prendre certaines dispositions et pousser un petit interrogatoire. Ensuite, nous laisserons la justice suivre son cours"

Et en effet, la justice dans les mots de Jessie, cela signifiait une mort exemplaire pour un meurtre doublé dune tentative de viol. La pendaison pour sûr. Mais le Marshall était là et risquait d'exiger la venue d'un juge et un procès.
Bah... un procès, ça finit toujours par une pendaison de toutes les façons...


-"Qu'en pensez-vous Marshall ? Rendre la justice vous plairait-il ?"
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MessageSujet: Re: L'ombre d'une plainte   L'ombre d'une plainte EmptyJeu 6 Oct - 18:39

    Je me prélassais dans le bac d'eau tiède, un verre de whisky dans la main. Les volets étaient clos, plongeant la pièce dans une agréable obscurité. L'eau glissait sur mon corps comme la douce caresse d'une femme au saut du lit. La tête en arrière, les yeux clos, je restais un long moment sans esquisser le moindre geste. Ma respiration se fit plus lente, plus monotone. L'ivresse de la fatigue s'emparait de moi et il m'était totalement impossible d'y résister. Plongé au plus profond du royaume des songes, une voix gutturale, indistincte, me parvint. Plus je m'enfonçais dans la torpeur plus elle se faisait présente. Des mots se suivaient pour former une phrase et à mesure que je me concentrais pour en comprendre toute la portée je m'éveillais subitement.

    Le contact de la porte sur mon pied me fit réaliser qu'il était temps que je me reprenne. Le Sheriff, derrière moi, continuait sur sa lancée, ne remarquant pas mon absence inopportune. Tout ce que je retins de son message, c'était son envie de bosser avec moi. J'espérais que c'était là tout l'essentiel. J'avisais la poignée de la porte qui me suppliait de la prendre mais je dus me résoudre à faire machine arrière. Je ne pouvais décemment pas envoyer paître ce pauvre homme. Encore que j'en avais la possibilité. J'envisageais d'opter pour cette solution radicale lorsque la victime, miss Morgan, fit une révélation tonitruante sur le docteur. Le docteur ?! Merde c'était donc lui le présumé coupable dans cette affaire ?! Je me rendis compte avec horreur que j'avais vraiment besoin de dormir tant ma concentration en était ébranlée. Je me pinçais l'arête du nez avant de trier toutes les nouvelles données que nous apportaient la jeune femme. Une fois son récit terminé, la réflexion prit le dessus.

    Elle venait de se faire agresser par le docteur de la ville, mais j'ignorais pourquoi. Du moins je ne l'écoutais pas à ce moment-là. J'avais donc sur les mains une affaire que je qualifierais de banal. Une histoire de viol, rien de bien extraordinaire. J'examinais la situation avec tellement de distance que c'en était effrayant. Le Sheriff ajouta une pièce au puzzle: le meurtre de l'employé de maison. J'avais donc omis d'écouter une grande partie de la conversation. Pas très professionnel de ma part. Toujours est-il que j'avais saisi le plus important. Ce Jefferson Bucker, croyant la victime seule dans sa demeure, avait tenté de la violer. Malheureusement pour lui, l'employé, jusque là discret, avait décidé d'intervenir ! Dans la confusion qui s'ensuivit le docteur tua la servante (ou le servant, j'ignorais si ce détail était venu dans la conversation concernant le sexe de l'employé de maison) malencontreusement. Et bien sur, le plus important: le Doc faisait chanter la Dame en la menaçant de la dénoncer aux Waldon si elle venait à parler du meurtre.

    A cette simple évocation, mon esprit embrumé se mit en marche activement. Cette Mildred m'apparaissait comme un atout dans l'arrestation du gang. Un possible appât. Bucker finirait par apprendre ce qui se trame, et dès lors, je le forcerais à prendre contact avec Ben ou un de ses frangins. Peut-être même n'aurais-je pas à le forcer puisqu'il chercherait sans doute à éliminer la seule preuve de son méfait: Mildred Morgan. Et face à un parterre de jurés et un Juge, plaider sans preuves, même pour des représentants de la Loi, constituait un vrai suicide professionnel. L'opportunité de saisir au vol le gang Waldon me redonnait le sourire. C'était le but de ma venue et il était hors de question de passer à côté d'une telle chance ! D'autant plus que le Sheriff me l'offrait également sur un plateau !

    Au sortir de mes réflexions, j'étais assis sur le rebord de la table, le manteau sur les genoux et les bras croisés sur la poitrine, non loin de la femme qui reprenait, peu à peu, son calme. Devant ses yeux rougis par les larmes, je lui tendis un morceau d'étoffe qui me servait avant tout pour m'essuyer le visage de la poussière. Je n'avais rien de mieux de toute manière:

    " Tenez. Excusez le manque de raffinement, je fais au mieux au vu des circonstances.
    Je lui adressais un sourire courtois.
    Ne vous inquiétez pas, le Sheriff et moi-même allons nous occuper de ce salopard.
    J'enchaînais aussitôt.
    En écoutant attentivement votre récit...
    Le mensonge était la seule solution valable. Je n'allais pas lui dire que je n'avais retenu que la moitié de son récit !
    J'en suis venu à penser que vous n'êtes sans doute pas la seule à avoir été victime de cet enfand de salaud. En se cachant derrière son boulot, Dieu sait ce qu'il a pu faire sans que personne daigne lever le petit doigt.
    Je commençais à réfléchir tout haut, mes doigts jouant sur mon menton avec insistance.
    Permettez-moi de vous dire, que vous avez fait preuve d'un grand courage en vous adressant ainsi à nous.
    Je tournais la tête vers l'homme à l'étoile.
    Sheriff, ne perdons pas plus de temps et allons de ce pas rendre visite à monsieur Bucker. J'aimerais passer au "petit interrogatoire" le plus vite possible.
    Je me levais promptement, saluais la dame d'un hochement de tête élégant avant de récupérer mon sac sur le pas de la porte, prêt à partir. Je me retournais, la main sur la poignée.
    Je dépose ça sur ma monture et je vous suis. Je ne connais pas la ville aussi bien que vous, Sheriff..? "

    Avec tout ça, je ne connaissais toujours pas le nom de mon nouveau collègue. A moins que là aussi, la fatigue aidant, je l'avais oublié...

    => Green House


Dernière édition par James Everett Ferguson le Ven 14 Oct - 17:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'ombre d'une plainte   L'ombre d'une plainte EmptyMar 11 Oct - 7:59

Mildred se releva et saisit l'étoffe que lui tendait le Marshall. Elle fit mine de s'essuyer les larmes qui ruisselaient sur ses joues pales. Elle fit semblant d'être hautement rassurée par les propos des deux hommes de loi et s'empressa de leurs faire comprendre sa satisfaction de voir le jeune médecin payer pour ses crimes.

"Je désire être aux premières loges lorsque ce prédateur sexuel sera pendu au bout d'une corde! Je tiens à vous mettre en garde, je pense que ce monstre est un menteur des plus habiles, car il a réussit à berner son monde pendant de nombreuses années! Moi-même, je lui aurai donner le bon dieu sans confession!"


En voyant les deux hommes sur le point de partir pour se livrer à l'interrogatoire de Jefferson Bucker, Mildred s'empressa de leurs emboîter le pas. En guise de remerciement, elle les serra l'un comme l'autre dans ses bras. L'émotion et la peur se lisant toujours dans son regard.

"Merci monsieur le Shérif! Grâce à vous je me sens en sécurité, et je suis persuadée que vous allez grandement contribué au retour au calme dans cette charmante ville de Saint Elmo!"

En s'approchant du Marshall, son regard changea comme si elle avait quelque chose à lui dire. Elle savait que la présence de cet homme dans la petite ville du Colorado n'était pas anodine et qu'il devait sans doute tenter de débusquer les pires bandits de l'ouest. Lorsqu'elle lui fit une ultime accolade, elle en profita pour lui murmurer quelque chose au creux de l'oreille (*Mp). Jesse Johns n'entendit rien de paroles chuchotées, mais Mildred savait que le Marshal lui reporterait ce qu'elle venait de dire discrètement.
Elle s'adressa à nouveau pour leurs adresser une dernière salutation!

"Au revoir Messieurs! Et encore merci pour votre aides salutaires!"

Après s'être légèrement inclinée, Mildred Morgan s'éclipsa dans la lumière de la journée, rejoignant les rues poussiéreuse de Saint Elmo. Au fur et à mesure qu'elle s'éloignait des deux hommes, un sourire machiavélique se dessina sur son visage froid...

Spoiler:
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MessageSujet: Re: L'ombre d'une plainte   L'ombre d'une plainte EmptyMar 11 Oct - 18:35

Jessie laissa le Marshall Fergusson terminer de rassurer la jeune femme avant de se diriger vers le bureau pour en ouvrir l'un des tiroirs et en sortir une lanière de cuir qu'il fourra dans la poche de son pantalon, une petite lanière qui lui servait de menottes (qui ne seront pas encore mise en circulation dans les polices avant encore quelques dizaines d'années) pour entraver les poignets des récalcitrants plutôt que de leur casser la gueule. Cela empêche de se faire mal aux mains et e devoir appeler le médecin. Ce qui tombe plutôt bien puisque dans ce cas présent c'est justement le médecin qu'il va falloir appréhender.

Jessie s'assura ensuite de la présence de son Colt et de son LeMat dans leurs holster respectifs, non pas avec l'intention de s'en servir mais plutôt par habitude. On ne peut pas porter ce genre de joujou depuis des années sans les considérer comme une part de soi-même. Il se retourna ensuite en direction du Marshall pour lui montrer son assentiment d'un hochement de tête avant de sourire avec confiance à Mildred, un sourire fatigué mais franc, le meilleur moyen de rassurer les gens dans cette ville avant qu'elle ne vienne lui faire l'accolade.

Il se dirigea ensuite d'un bon pas vers l'extérieur de la prison de St-Elmo afin de permettre à Ferguson de se diriger vers son cheval tout en regardant la patronne de la société des concessions s'éloigner dans la rue principale.


-"Allons-y Marshall, il faut tirer cette affaire au clair. Si ce type est coupable de meurtre et de tentative de viol, je n'en veux pas dans ma ville. Je me suis promis de faire le ménage, autant commencer aujourd'hui. Nous allons nous rendre chez lui, constater le meurtre et l'interroger. Lorsque nous en saurons suffisamment, il sera temps de le mettre derrière les barreaux et de s'occuper de son devenir. Pénitencier d'état ou échafaud ?"


Il se mit en route sur ces derniers mots faisant résonner ces éperons dans l'air ambiant, assurant son stetson sur sa tête. La justice était en marche... et elle avait un second bras.

[fini pour moi, au tour du Doc]

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